samedi 2 mars 2013

L'ISLANDE




 Conférence de madame l’ambassadrice d’Islande à Paris le 22 janvier 2013

  l' Islande fut une île danoise jusqu’en 1944 mais dotée d’une Constitution accordée par le roi du Danemark en 1874. L’indépendance, en 1944, ne changera rien à cette Constitution si ce n’est qu’en remplaçant le roi par un Président élu au suffrage universel.

    Les 325000 islandais se sont retrouvés, en 2008, menacés de devoir rembourser les dettes de leurs banques, ce qui aurait correspondu pour chacun à verser la totalité de leurs revenus pendant un an. Les banques islandaises avaient allégrement joué avec les sub primes et autres produits financiers dérivés, en offrant des taux d’intérêts inédits aux investisseurs britanniques et hollandais. Cette année là tout s’écroule, les banques sont en cessation de paiement et les gouvernements britannique et hollandais dédommagent leurs ressortissants tout en se retournant vers le gouvernement islandais pour se faire rembourser.




    Le gouvernement islandais est prêt à céder mais le Président refuse de signer l’accord conclu car la population se sent trahie par les autorités et atteinte non seulement par les pertes financières mais surtout dans sa dignité : les rues de la capitale (Reykjavik) se remplissent d’une foule frappant des casseroles pour se faire entendre du gouvernement ; le mouvement est spontané, d’ailleurs aucun des meneurs ne se présentera ensuite à une élection.






     Le gouvernement démissionne, des élections sont organisées qui donnent l’avantage au parti le plus à gauche. Celui-ci obtient des autorités britanniques et hollandaises un compromis diminuant leurs exigences mais, de nouveau, le Président islandais refuse de signer l’accord, d’autant que par référendum les électeurs refusent, en octobre 2012 d’assumer la dette des banques. ..  Depuis, le litige a été transmis devant une Haute Cour de Justice qui devrait rendre sa sentence fin janvier…A noter que, depuis 2008, les banques islandaises qui représentaient 6 fois le P.I.B. du pays avant 2008 se sont refait une santé et ont réussi à rembourser la moitié de leurs dettes !





     Cependant le krach financier de 2008 a entrainé une grande crise sociale, avec un chômage énorme et une politique d’austérité budgétaire qui a largement entamé la popularité du gouvernement « de gauche ».







      Dés son accession au pouvoir ce gouvernement  avait décidé de promouvoir une nouvelle Constitution et nommé pour cela un  Comité de 7 personnalités indépendantes chargées d’organiser le processus. Celui-ci débuta par le tirage au sort de 1000 citoyens de tous âges (18 à 91 ans) et de toutes conditions, dont plusieurs chômeurs. Ces 1000 citoyens ont été  chargés de réfléchir et de faire des propositions, en les discutant ouvertement avec tous les citoyens islandais en particulier par Internet, sur une large liste de questions allant de l’éthique à la démocratie, des droits de l’homme à ceux de la Nature, de la séparation des pouvoirs à la peine de mort, etc.…Répartis en 100 tables de 10 personnes plus un fonctionnaire chargé d’organiser la discussion, ces citoyens ont travaillé à plein temps pendant des mois pour établir les clauses d’une future Constitution.


 



      Entre temps eut lieu une élection directe d’un Comité de 25 personnes (il y eu 522 candidats, des gens indépendants des partis, plus ou moins connus). Ce Comité est chargé de rédiger la Constitution à partir des conclusions définies par les 1000. Cette Constitution fut acceptée par le référendum d’octobre 2012 (avec 49% de participation et une majorité de oui élevée à 64 %)





      Cette Constitution n’est rependant pas encore promulguée ; son texte a été présenté devant une Commission européenne dite « de Venise » qui n’a pas encore donné son avis (l’Islande est en instance d’adhésion à l’Union Européenne). D’autre part, la Constitution précédente prévoyait qu’une réforme constitutionnelle ne pouvait être adoptée qu’après un vote favorable de deux parlements successifs distincts. Il faudrait donc attendre l’élection du nouveau parlement prévue le 24 Avril 2013 or les sondages annoncent un renversement de majorité au profit du parti de l’Indépendance (parti droitier). 





N.B. Actuellement l’élection du Parlement a lieu sur des listes présentées dans chaque circonscription par les partis. En Islande il n’existe que deux instances administratives : l’État et les municipalités, au nombre actuel de 78, très diverses puisque certaines ont 200 habitants et que la plus grande, Reykjavik, en a plus de 100000. Selon les orateurs participants à la conférence la vie politique n’est pas aussi tranchée qu’en France, la lutte des classes n’existerait pas en Islande (?) , la séparation de l’Église (luthérienne) et de l’État a été refusée au dernier référendum (par 51% des votants)…






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