Conférence
de madame l’ambassadrice d’Islande à Paris le 22 janvier 2013
Les 325000 islandais se sont retrouvés, en
2008, menacés de devoir rembourser les dettes de leurs banques, ce qui aurait
correspondu pour chacun à verser la totalité de leurs revenus pendant un an.
Les banques islandaises avaient allégrement joué avec les sub primes et autres
produits financiers dérivés, en offrant des taux d’intérêts inédits aux
investisseurs britanniques et hollandais. Cette année là tout s’écroule, les
banques sont en cessation de paiement et les gouvernements britannique et
hollandais dédommagent leurs ressortissants tout en se retournant vers le
gouvernement islandais pour se faire rembourser.
Le
gouvernement islandais est prêt à céder mais le Président refuse de signer
l’accord conclu car la population se sent trahie par les autorités et
atteinte non seulement par les pertes financières mais surtout dans sa dignité :
les rues de la capitale (Reykjavik) se remplissent d’une foule frappant des
casseroles pour se faire entendre du gouvernement ; le mouvement est
spontané, d’ailleurs aucun des meneurs ne se présentera ensuite à une élection.
Le gouvernement démissionne, des élections
sont organisées qui donnent l’avantage au parti le plus à gauche. Celui-ci
obtient des autorités britanniques et hollandaises un compromis diminuant leurs
exigences mais, de nouveau, le Président islandais refuse de signer l’accord,
d’autant que par référendum les électeurs refusent, en octobre 2012 d’assumer
la dette des banques. .. Depuis, le
litige a été transmis devant une Haute Cour de Justice qui devrait rendre sa
sentence fin janvier…A noter que, depuis 2008, les banques islandaises qui
représentaient 6 fois le P.I.B. du pays avant 2008 se sont refait une santé et
ont réussi à rembourser la moitié de leurs dettes !
Cependant le krach financier de 2008 a entrainé une grande
crise sociale, avec un chômage énorme et une politique d’austérité budgétaire
qui a largement entamé la popularité du gouvernement « de gauche ».

Dés son accession au pouvoir ce
gouvernement avait décidé de promouvoir
une nouvelle Constitution et nommé pour cela un
Comité de 7 personnalités indépendantes chargées d’organiser le
processus. Celui-ci débuta par le tirage au sort de 1000 citoyens de tous âges
(18 à 91 ans) et de toutes conditions, dont plusieurs chômeurs. Ces 1000
citoyens ont été chargés de réfléchir et
de faire des propositions, en les discutant ouvertement avec tous les citoyens
islandais en particulier par Internet, sur une large liste de questions allant
de l’éthique à la démocratie, des droits de l’homme à ceux de la Nature, de la séparation
des pouvoirs à la peine de mort, etc.…Répartis en 100 tables de 10 personnes
plus un fonctionnaire chargé d’organiser la discussion, ces citoyens ont
travaillé à plein temps pendant des mois pour établir les clauses d’une future
Constitution.
Entre temps eut lieu une élection directe
d’un Comité de 25 personnes (il y eu 522 candidats, des gens indépendants des
partis, plus ou moins connus). Ce Comité est chargé de rédiger la Constitution à partir
des conclusions définies par les 1000. Cette Constitution fut acceptée par le
référendum d’octobre 2012 (avec 49% de participation et une majorité de oui
élevée à 64 %)
Cette Constitution n’est rependant pas
encore promulguée ; son texte a été présenté devant une Commission
européenne dite « de Venise » qui n’a pas encore donné son avis
(l’Islande est en instance d’adhésion à l’Union Européenne). D’autre part, la Constitution précédente
prévoyait qu’une réforme constitutionnelle ne pouvait être adoptée qu’après un
vote favorable de deux parlements successifs distincts. Il faudrait donc
attendre l’élection du nouveau parlement prévue le 24 Avril 2013 or les
sondages annoncent un renversement de majorité au profit du parti de l’Indépendance
(parti droitier).
N.B. Actuellement l’élection
du Parlement a lieu sur des listes présentées dans chaque circonscription par
les partis. En Islande il n’existe que deux instances administratives : l’État
et les municipalités, au nombre actuel de 78, très diverses puisque certaines
ont 200 habitants et que la plus grande, Reykjavik, en a plus de 100000. Selon
les orateurs participants à la conférence la vie politique n’est pas aussi
tranchée qu’en France, la lutte des classes n’existerait pas en Islande (?) , la
séparation de l’Église (luthérienne) et de l’État a été refusée au dernier
référendum (par 51% des votants)…






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